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Santé économique des restaurants en Belgique : impacts de la black box ?

Bruxelles, le 21 mars 2018 - Après les faillites retentissantes des 11 restaurants bruxellois des frères Beyaz, le bureau d’information business Graydon et la Belgian Restaurants Association ont mené une analyse approfondie sur la santé économique des restaurants en Belgique. Ce scan est construit sur base d’indicateurs économiques précis : nombre de créations de restaurants, évolution de l’emploi, nombre de faillites et de fermetures sur les trois dernières années en Belgique. Parallèlement, une enquête qualitative a été menée auprès de plus de 1.000 restaurateurs du pays (6 % du secteur).

Etude Graydon

Selon les chiffres du bureau d’analyse business Graydon, il apparaît que le nombre de restaurants a augmenté entre 2015 et 2017 de 5,4 %, cette augmentation étant plus marquée en Flandres (5,8 %) et en Wallonie (5,6 %) qu’à Bruxelles (2,8 %), indique Eric van den Broele de Graydon.

En 2015, le secteur a connu un rétrécissement : avec 1067 créations de restaurant pour 1107 fermetures, l’année 2015 a connu un solde net négatif.  A partir de l’année 2016, la croissance nette  de restaurants en activité en Belgique augmente de 131 unités, et de 106 en 2017.  Le nombre de restaurants en activité tend donc à augmenter.  Eric van den Broele : « C’est clairement le cas en Flandres (+ 2,5 % en 3 ans) et en Wallonie (+ 1 % en 3 ans), mais pas à Bruxelles où le nombre de restaurants chute de 3,5 % sur la même période. »

Les causes de ces fermetures sont souvent des faillites

La cause de la moitié de ces fermetures, de l’ordre de 500 restaurants par an, est la conséquence d’une faillite.  Sur les trois années étudiées (2015-2017), Graydon constate une relative stabilité : un restaurant sur 25 y a été déclaré en faillite chaque année.  Pour l’année 2017, en Flandre, c’était un pour 30.  1 pour 26 en Wallonie, mais 1 pour 16 à Bruxelles !  Eric van den Broele : « La capitale se révèle ici aussi plus fragile, avec un pic dès novembre 2016, qui perdure toute l’année 2017, et que la chute des 11 restaurants du groupe Beyaz n’arrangera pas pour le premier trimestre 2018. »

L’impact de la black box plus élevé sur la côte belge qu’à Bruxelles

La responsabilité de la faible santé économique des restaurants bruxellois a souvent été imputée à l’introduction de la « black box », la création du piétonnier, la fermeture des tunnels et aux attentats. Ces éléments n’ont eu cependant qu’un faible effet sur le secteur considéré dans son ensemble. Un effet plus significatif relève de la rumeur alarmiste relayée aussi par certains médias sur la fragilité économique des restaurants à Bruxelles.

Eric van den Broele explique : « On a clairement assisté à un phénomène de prophétie autoréalisatrice : les fournisseurs, inquiets, ont serré les délais de paiement pour tout le secteur à Bruxelles et les structures les plus fragiles en trésorerie s’en sont retrouvées asphyxiées.  Cela a manifestement contribué à l’augmentation de l’issue fatale de la faillite pour de nombreux établissements »

En Flandres occidentale, on constate que les restaurants de la côte belge ont davantage souffert de l’introduction de la « black box » au début de l’année 2016.  Dans les régions plus touristiques, en effet, avec moins de repas d’affaire, les clients payaient plus souvent en cash, et, là, l’introduction début 2016 de la black box s’est fait plus brutalement ressentir.

Les restaurants restent vulnérables

Les restaurants sont aujourd’hui en meilleure santé économique que dans les cinq dernières années, mais ils restent vulnérables en comparaison avec d’autres secteurs. « La santé économique des restaurants reste préoccupante », conclut Eric van den Broele.

Là où 70 % des entreprises belges sont jugées actuellement en bonne santé économique par les analystes de Graydon, le secteur de la restauration se révèle plus fragile. 40 % des établissements du secteur sont en santé moyenne ou faible, pour 60 % seulement en bonne santé.  A Bruxelles, ce taux de restaurants en bonne santé tombe à 40 %, pour 50 % pour le Brabant Wallon. 

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